C’était un beau matin, le genre de matin où les oiseaux chantent comme s’ils étaient envoûtés par les doux rayons du soleil. Comme à mon habitude, je me suis levée, j’ai fait ma toilette et je me suis dirigée vers la cuisine pour me préparer un bon thé chaud. Il n’en fallut pas plus pour que je me sente instinctivement attirée par l’extérieur. Comme si j’avais reçu une invitation de dernière minute pour profiter du temps qui passe.
Invitation tentante, il va sans dire, mais, car il y a toujours un mais, j’avais ce texte qui devait absolument être terminé sous peine de ne pas être remis à temps.
C’est donc avec un immense pincement au cœur que j’ai écouté la voix de la raison. Armée du thé que je venais tout juste de préparer, je me suis assise sagement à mon bureau, laissant le soleil me narguer à travers la fenêtre.
Me promettant de prendre une pause une fois mon texte terminé, je me suis mise en mode travail. Au bout d’un moment, j’ai décidé de me relire pour constater avec stupeur que le débit des mots s’apparentait beaucoup plus à l’écriture d’un robot qu’à celui d’une auteure d’expérience. Dans le doute, je me suis relue une deuxième fois pour en arriver à la même conclusion.
Que se passait-il avec moi? M’étais-je perdue entre la cuisine et mon bureau? Trêve de balivernes, je n’avais tout simplement pas le temps de jouer à cache-cache avec moi-même. Le soleil me voulait dehors et moi j’avais un échéancier serré.
Ce n’était pas le temps de m’arrêter alors j’ai opté pour un compromis : Je suis sortie à l’extérieur avec mon ordinateur!
Aussitôt à l’extérieur, je me suis remise à l’écriture. Les mots coulaient certes, mais au compte-goutte. Ils faisaient un peu plus sens que lorsque j’étais à l’intérieur, mais leur agencement m’agaçait au plus haut point. Pas moyen d’avoir une phrase digne de ce nom sans l’avoir réécrite au moins 12 fois. Il n’y avait rien à faire. Travailler à l’extérieur était agréable, mais ce n’était pas ce que mon cœur et ma tête réclamaient.
Après une heure de guerre interne, étant toujours au point mort et je dus rendre les armes : j’avais besoin d’une pause.
J’ai donc mis l’ordinateur hors-tension pour m’abandonner au moment présent. Si le soleil avait pu m’applaudir, je crois que j’aurais eu une ovation debout. Au diable la culpabilité, je n’avançais à rien de toute façon! Je devais accepter de reculer d’un pas. Ainsi, fermant les yeux, j’ai pu constater la chaleur du soleil sur ma peau, apprécier le bruissement des feuilles sous les caresses du vent, et m’amuser du rire et des cris des enfants du voisinage…
Quand j’ai ouvert les yeux, un papillon passait par là, comme pour me saluer. Je l’ai regardé batifoler un instant quand j’ai soudainement senti l’inspiration revenir.
Je me suis rapidement emparé de mon ordinateur pour laisser mes doigts pianoter joyeusement dans une valse de mots des plus harmonieuses.
En me relisant, une demi-heure plus tard, j’ai compris la nécessité d’accepter de ralentir pour mieux avancer. À peine dix minutes auront suffit pour me retrouver et capter l’inspiration au vol. J’ai alors pondu ce texte, qui me donnait tant de difficulté quelques instants plus tôt, en un temps record! Un pas vers l’arrière pour trois vers l’avant m’a soudainement semblé un échange intéressant. Qui aurait cru que ralentir pouvait être aussi payant au sacro-saint royaume de l’efficacité?
Crois-tu que ralentir peut effectivement permettre d’être plus efficace?
0 commentaires