Il fait froid. Pas un froid ordinaire qu’on lance comme une évidence sur Facebook un matin d’hiver. Non… c’est plutôt un froid de novembre pluvieux qui vous glace les os. Tu sais, ce genre de journée où la grisaille omniprésente emporte avec elle tout ce que tu as emmagasiné de motivation?
C’est ce genre de journée.
Assise à mon bureau, j’ose regarder par la fenêtre. Le vent, que je soupçonne mordant de froid, emporte avec lui les dernières feuilles toujours en poste à la cime des arbres. C’est une journée d’entre-deux où l’automne et l’hiver se courtisent allègrement ne semblant pas avoir invité le soleil à se joindre à la danse.
Je devrais être en train d’écrire. Du moins, c’est ce que mon planning m’indique. J’avais même appelée l’inspiration en renfort, mais elle devait être occupée ailleurs et m’a refilé la rêverie au passage.
C’est ce genre de journée.
Je me traîne les pieds sans bouger de ma chaise. J’essaie de faire comprendre à la rêverie que je n’ai pas besoin de ses services, mais elle est tenace. Je résiste, j’ai des choses à faire. Comme pour bien faire, je crois entendre mon lit qui m’appelle. Il doit être de connivence avec la rêverie. Ils vont bien ensemble ces deux-là. Trop bien ensemble. Je baille. Oh non, non, non! Je ne veux pas dormir! Juste, peut-être, déposer ma tête dans le creux de ma main quelques secondes…
Sans demander la permission, la rêverie profite de cette fenêtre d’inattention que je lui offre pour se faufiler et s’emparer de mon esprit. Je n’ai plus aucune résistance à lui offrir. Je l’accueille donc juste pour entendre ce qu’elle a à me murmurer.
Je m’adosse confortablement à ma chaise en gardant les yeux fermés. Sans trop y penser, je laisse mes pieds venir se poser sur mon bureau. L’appel du confort immédiat est trop fort pour que je pense à l’impact de cette position sur mes articulations. La rêverie s’anime devant ce trop rare moment de lâcher prise. Des images défilent dans ma tête à une vitesse folle sans que je puisse vraiment en comprendre le sens. Sentant mon malaise, la rêverie ralentit le rythme m’amenant à visualiser des objectifs oubliés dans le brouhaha du quotidien.
Un bruit me tire soudainement de ma rêverie. Quinze minutes à peine ont passé. Mon fils vient de rentrer de l’école dans son tintamarre habituel en clamant haut et fort à quel point il fait chaud. Interloquée, je regarde à l’extérieur. Entre les nuages qui se dispersent, j’aperçois le soleil. La pluie s’est arrêtée. À pas lent, j’ose aller me mettre le nez dehors. Je suis stupéfaite de constater à quel point l’air est chaud pour la saison.
Je suis un peu confuse. Mon imagination m’aurait-elle joué un tour? J’avais pourtant vraiment froid en regardant par la fenêtre un peu plus tôt. Que s’est-il passé? Je constate que la rêverie, qui ne m’a toujours pas quittée, se tord de rire. Aurais-je été victime d’un coup monté? À la recherche d’inspiration, j’ai plutôt eu droit à la rêverie et l’imagination et je réalise que ce sont deux puissantes alliées que j’avais depuis longtemps sous-estimées.
La fatigue aidant, je me suis abandonnée et j’ai tout simplement accueilli ce qui se présentait à moi en éveillant au passage cette naïveté enfantine qu’on porte tous, mais qui est trop souvent mise de côté au fil du temps.
Je souris en écrivant ces lignes. L’inspiration est une énergie qui résiste quand on essaie trop de la contrôler, de l’encadrer. Il faut croire que, dans mon cas, elle a pris les grands moyens pour me le faire réaliser.
C’est ce genre de journée.
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